Marguerite Walther


En 2021, nous avons fêté les cent ans des éclaireuses ! Plus exactement, de la Fédération Française des
Éclaireuses (FFE) qui a rassemblé les éclaireuses neutres (devenues laïques plus tard), unionistes et
israélites, entre 1921 et 1964, avant que les filles ne s’allient aux garçons pour fonder les associations
actuelles. Ce centenaire, c’est donc celui de la moitié de notre association, c’est celui de l’histoire des
éclaireuses et du scoutisme pour les filles en France.


Ce fut tout au long de cette année, et à tous les échelons de notre association, l’occasion de commémorer
cette histoire et de valoriser l’action des filles et des femmes dans le scoutisme. Car dans le scoutisme
comme ailleurs, l’histoire des femmes est fréquemment moins connue, moins mise en avant. C’est donc
d’autant plus important pour nous d’avoir célébré ce centenaire !


Marguerite Walther naît en 1882 à Mulhouse, dans une famille bourgeoise alsacienne protestante, alors que
l’Alsace est annexée à l’Empire allemand .En 1905, elle épouse Charles Staehling, chimiste à Bâle, mais Marguerite ne pouvant avoir d’enfants, le couple se sépare. Elle commence des études de musique, puis les interrompt en 1912 pour s’engager comme infirmière dans l’armée du Maréchal Lyautey, au Maroc.
En 1920, elle rencontre Renée Sainte-Claire Deville, dont elle sera très proche toute sa vie, et lance avec elle les premières activités scoutes pour des petites filles de 7 à 11 ans de la rue Mouffetard. C’est le début de la pédagogie des Petites Ailes, qu’elles bâtissent pour les filles pauvres du quartier, en mêlant les influences : Maria Montessori,Ovide Decroly, pédagogie des Brownies. En parallèle, elle s’occupe d’une compagnie d’éclaireuses (compagnie Panthéon), avec Élisabeth Risler-François comme adjointe. Elle est totémisée Renne Tenace.


En juillet 1921, elle participe au Congrès d’Épinal du mouvements des Éclaireuses protestantes, actives depuis plusieurs années, et fait partie de celles qui plaident en faveur de la création d’un mouvement fédératif plus large, permettant d’associer sans les fusionner les groupes protestants et les groupes neutres : la Fédération Française des Éclaireuses (FFE), dont le principe est voté. Selon elle, ce mouvement doit être ouvert « à tous les credo, mais sauvegardant les besoins légitimes de chacune […], une association où il y aurait des éclaireuses unionistes, neutres, scolaires, israélites, musulmanes… « Bref, un mouvement où n’importe quelle petite Française pourrait se sentir à l’aise. »


Elle prend ensuite une part importante au développement et à la structuration de la nouvelle Fédération.
Tout en restant cheftaine, elle est membre de la commission permanente dès 1921, fait sa promesse en 1922, et héberge à son domicile le secrétariat, le magasin et régulièrement des cheftaines de la FFE.
En 1928, elle est Commissaire adjointe de la plus grosse région de la Fédération, la région Seine, et fait partie de l’équipe dirigeante (dite « La Main ») du mouvement, aux côtés de Violette Mouchon, Georgette Siegrist, Madeleine Beley et Renée Sainte-Claire Deville. Cette équipe sera le pilier de la Fédération Française des Éclaireuses jusqu’en 1940. Marguerite Walther joue un rôle central dans la diffusion et la pérennité de ce que les éclaireuses appellent l’esprit FFE, fait de respect et d’enrichissement mutuel.


Elle contribue au développement de la section neutre de la FFE, (Éclaireuses Nouvelles jusqu’en 1931, puis Éclaireuses Neutres), qui devient majoritaire dans le mouvement à partir des années 1930, ainsi qu’à celui des Éclaireuses scolaires, groupes rattachés à des établissements d’enseignement laïque.
Elle attache une importance particulière à l’hygiène, au rangement et aux constructions de camp. Elle anime des camps de licence, pour former les cheftaines.
En 1931, elle est élue Commissaire générale (équivalent de Déléguée générale) de la FFE. Elle participe aux travaux de
l’Association Mondiale des Guides et des Éclaireuses, en tant que présidente de la sous-commission technique, et
coordinatrice de rencontres internationales en 1934-1935.
Elle participe au comité de liaison avec les Guides de France, l’association catholique du scoutisme féminin. Elle
crée les camps vitamines, pour former les formatrices de cheftaines.
En 1937, elle achète avec des amis le domaine des Courmettes, un ancien sanatorium sur la commune de Tourrettes-sur-Loup, qu’elle met à disposition de la Fédération française des Éclaireuses, notamment pour des camps de formation et regroupements nationaux.
En 1937-1938, elle est à l’initiative de la création dans la FFE, d’un comité d’aide aux réfugiés espagnols, et de la mise à disposition pour cela de plusieurs lieux sous la coordination de Madeleine Beley. Elle soutient le travail de la psychiatre Simone Marcus, autour de la délinquance juvénile, et l’appuie dans l’ouverture en 1938 d’un centre de psychologie du scoutisme. Avant la déclaration de guerre en 1939, elle demande la mobilisation des éclaireuses d’Alsace-Lorraine dans l’accueil des réfugiés.
Surnommée Chef Walther, ou simplement Chef, elle est largement appréciée dans le mouvement, pour son exigence morale et sa simplicité. Sa devise « jamais ne fais rien à demi » inspire la formation des commissaires du mouvement. Elle achève son mandat en 1940.


Elle décéde le 29 avril 1942 à Vichy.

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